INTRODUCTION À LA FLORE VASCULAIRE TERRESTRE D'EUROPA

Préambule

L'index des trachéophytes des îles Éparses (listes détaillées de la flore vasculaire terrestre par territoire et pour l'ensemble des îles) est disponible en téléchargement (BOULLET V. & HIVERT J., Index des Trachéophytes des îles Éparses - mise à jour : 24 juillet 2024)

Grâce à un important travail de détermination et de mises à jour taxonomiques réalisé par Vincent BOULLET, cet index est régulièrement reversé dans le référentiel national TAXREF.

Un article traitant de la flore vasculaire terrestre des îles Éparses a été publié dans la revue Atoll Research Bulletin : BOULLET V., HIVERT J. & GIGORD L., 2018. An Updated Account of the Vascular Flora of the Iles Eparses (Southwest Indian Ocean). Atoll Research Bulletin. 1-64. 10.5479/si.0077-5630.614.

 

Ces données concernent uniquement les taxons recensés avec certitude (= exclusion des mentions douteuses ou anciennes pour lesquelles les taxons n’ont pas été retrouvés récemment). Elles sont provisoires et peuvent évoluer en fonction de l’examen des échantillons en cours de détermination et selon l’acquisition de nouvelles connaissances et les évolutions taxonomiques et nomenclaturales.

Mise à jour : juillet 2024

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La flore vasculaire terrestre d’Europa se compose de 99 taxons regroupés au sein de 37 familles botaniques.

Ils se répartissent en 47 indigènes (48%), 44 exotiques (44%) et 8 cryptogènes (8%).

Parmi ces taxons, 8 sont considérés comme disparus ou supposés tels. Il s’agit uniquement de taxons exotiques, 5 morts naturellement et 3 suite à des actions de lutte (Jujube, Morongue et Tamarin).

La flore indigène est relativement peu diversifiée compte-tenu des conditions climatiques subarides de l’île, de sa relative jeunesse et de ses dimensions restreintes.

 

 

 

 

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Au niveau de leur distribution géographique, on constate que plus de la moitié des taxons indigènes ont une répartition relativement large (23% sont pantropicales, 6% sont paléotropicales, 19% ont une répartition indo-pacifique et 2% ont une distribution africaine).

Plus d'un tiers des taxons indigènes sont présents sur des aires biogéographiques relativement restreintes telles que l’ouest de l’océan Indien (25%) et Madagascar (13%).

Enfin, 2 taxons sont endémiques à Europa.

 

 

Sur le plan patrimonial, la flore indigène d’Europa présente plusieurs aspects remarquables :

- présence de 2 endémiques strictes : Achyranthes sp.3 et Euphorbia sp.1 (actuellement en cours de description)

- cortège diversifié de la flore halophile des sansouires de l'ouest de l'océan Indien avec 5 espèces : Salicornia pachystachya , Suaeda monoica , Tecticornia indica, Caroxylon littorale, Sesuvium portulacastrum subsp. portulacastrum

- présence de 6 (ex-)endémiques de Madagascar : Cynanchum luteifluens, Dactyloctenium capitatum, Eragrostis capuronii, Euphorbia stenoclada, Ficus marmorata, Psiadia altissima

- présence de 2 endémiques de l’ouest de l’océan IndienCaroxylon littorale et Panicum voeltzkowii (sensu largo)

 L'identification taxonomique complète de populations originales sur Europa (cas de Achyranthes cf. talbotii, Fimbristylis cymosa agg., Lycium elliotii s. l., Phyllanthus sp.2, Phyllanthus sp.3, Portulaca aff. tuberosa) pourrait aussi révéler de nouveaux taxons patrimoniaux. 

 

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Au niveau des statuts de menace, parmi les 55 taxons indigènes ou cryptogènes, 15 sont considérés comme menacés d’extinction à Europa :

- 6 sont en ‘Danger critique’ (CR) : Cordia subcordata, Guettarda speciosa, Ipomoea violacea, Pisonia grandis, Talipariti tiliaceum et Thespesia populneoides

- 2 sont en ‘Danger’ (EN) : Lycium elliotii et Portulaca aff. tuberosa

- 7 sont ‘Vulnérable’ (VU) : Achyranthes sp.3, Ophioglossum lancifolium, Ophioglossum polyphyllum, Phyllanthus sp.2, Phyllanthus sp.3, Salicornia pachystachya et Suaeda monoica

 

Tous ces taxons présentent des effectifs en individus matures très réduits (< 50 pour les CR, < 250 pour les EN ou < 1000 pour les VU) et un nombre de stations généralement limité. Les taxons classés CR montrent une situation très préoccupante car elles présentent des problèmes de régénération (populations composées uniquement d’adultes vieillissants) en partie provoqués par la Chèvre.

Les autres taxons ont été catégorisés en ‘Préoccupation mineure’ (LC ; n = 35) ou en ‘Données insuffisantes’ (DD ; n = 5). 

 

La flore exotique (44 taxons) apparaît plus diversifiée que ce qui avait été indiqué jusque-là et représente une part non négligeable de la flore d’Europa. Bien que liée presque exclusivement à des habitats anthropiques (implantations humaines anciennes et récentes, chemins, piste d’aviation, anciennes cultures de sisal et de choca), elle démontre un processus d'apport croissant avec le volume d'échanges de biens et de personnes (à ce sujet, la similitude de la flore des pistes d'atterrissage de la Grande Glorieuse et d'Europa est troublante) et reste une préoccupation en terme d'invasions végétales potentielles.

En effet, alors que 7 taxons sont présents uniquement à l’état planté (non spontané), 34 sont localement naturalisés et 3 sont considérés comme largement naturalisés.

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Alors que le climat subaride et les fortes contraintes édaphiques (salinité, sols squelettiques) constituent probablement des obstacles importants au développement des processus invasifs, on peut malgré tout noter que 6 espèces présentent une capacité d’invasion moyenne à forte (taxons capables de coloniser des milieux naturels indigènes).

Il s’agit de Furcraea foetida (choca) et d’Agave sisalana (sisal), 2 espèces anciennement cultivées et qui colonisent aujourd’hui la zone d’euphorbaie ainsi que Casuarina equisetifolia (filao) qui se développe au sein des formations littorales indigènes au nord et à l'ouest de l’île. Rajoutons les graminées Megathyrsus maximus (ex Urochloa maxima ; Fataque) et Cenchrus echinatus (Cenchre épineux) deux herbacée exotiques nouvellement envahissantes ainsi que le Ricin (Ricinus communis, Euphorbiaceae).

 

 

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L’analyse des statuts de culture de la flore vasculaire révèle que 13 taxons sont présents à l’état cultivé sur Europa : 10 ont été introduits à petite échelle, essentiellement autour des zones d’habitation, et répondent à des vocations ornementales et/ou alimentaires, et 3 ont été anciennement cultivés en grand au sein des milieux naturels en vue de production agricole (cas du Choca et du Sisal) ou pour probablement favoriser la localisation de sources d'eau douce (cas du Filao).

Ce nombre réduit de taxons cultivés témoigne de la faible volonté de pratiquer des plantations artificielles sur Europa ou de leur faible réussite dans le temps.

 

 En termes de similarités floristiques entre la flore d'Europa et celle des autres îles Éparses, on peut constater que :

- 54 taxons (23 indigènes, 5 cryptogènes et 26 exotiques) sont également présents sur Juan de Nova, soit environ 54% de la diversité floristique globale

- 48 taxons (21 indigènes, 3 cryptogènes et 24 exotiques) sont également présents aux Glorieuses, soit environ 48% de la diversité floristique globale

- 13 taxons (3 indigènes, 3 cryptogènes et 7 exotiques) sont également présents sur Tromelin, soit environ 13% de la diversité floristique globale.

 

Pour information, un certain nombre de taxons recensés anciennement et non revus récemment n’ont pas été retenus au cours de cette analyse car présentant un doute sur leur détermination et/ou leur présence sur le territoire. C’est le cas de : Barringtonia sp1, Boerhavia diffusa, Clerodendrum sp1, Eragrostis pilosa, Euphorbia thymifolia, Scaevola taccada et Thespesia populnea. Pour ces derniers, nous ne pouvons donc conclure sur leur statut (erreur de détermination ou taxon correctement décrit mais aujourd’hui disparu ?).