INTRODUCTION À LA FLORE VASCULAIRE TERRESTRE DES GLORIEUSES

Préambule

L'index des trachéophytes des îles Éparses (listes détaillées de la flore vasculaire terrestre par territoire et pour l'ensemble des îles) est disponible en téléchargement (BOULLET V. & HIVERT J., Index des Trachéophytes des îles Éparses - mise à jour : 26 novembre 2024)

Grâce à un important travail de détermination et de mises à jour taxonomiques réalisé par Vincent BOULLET, cet index est régulièrement reversé dans le référentiel national TAXREF.

Un article traitant de la flore vasculaire terrestre des îles Éparses a été publié dans la revue Atoll Research Bulletin : BOULLET V., HIVERT J. & GIGORD L., 2018. An Updated Account of the Vascular Flora of the Iles Eparses (Southwest Indian Ocean). Atoll Research Bulletin. 1-64. 10.5479/si.0077-5630.614.

 

Ces données concernent uniquement les taxons recensés avec certitude (= exclusion des mentions douteuses ou anciennes pour lesquelles les taxons n’ont pas été retrouvés récemment). Elles sont provisoires et peuvent évoluer en fonction de l’examen des échantillons en cours de détermination et selon l’acquisition de nouvelles connaissances et les évolutions taxonomiques et nomenclaturales.

Mise à jour : novembre 2024

GLO graph1

La flore vasculaire terrestre des Glorieuses se compose de 141 taxons (dont 20 disparus ou supposés tels) regroupés au sein de 57 familles botaniques.

Ils se répartissent en 68 indigènes (48%), 11 cryptogènes (8%) et 62 exotiques (44%).

La flore indigène des Glorieuses s'avère nettement plus diversifiée que ce qui avait été indiqué jusque-là. Cette biodiversité végétale, relativement élevée, peut s’expliquer en partie par le fait que le climat des Glorieuses est relativement clément et très arrosé.

 

Si l’on compare la diversité floristique propre à chaque île de l'atoll des Glorieuses, on constate que la Grande Glorieuse présente le maximum de taxons (137) mais l'un des taux les plus faibles en espèces indigènes (48%). Les autres îles, de taille nettement plus réduite, présentent une faible diversité floristique mais des taux d’indigénat élevés (de 67% à 100%).

GLO graphique2

 

GLO graphique3

Au niveau de leur distribution géographique, on constate que pratiquement deux tiers des taxons indigènes ont une répartition relativement large (3% sont cosmopolites, 28% sont pantropicales, 10% sont paléotropicales et 22% ont une distribution indo-pacifique).

L’apport de taxons indigènes en provenance stricte de Madagascar est négligeable (seulement 1,5%) tandis que 31% des taxons indigènes ont une distribution de type ouest océan Indien fortement liée à la présence proche d'îles coralliennes des Seychelles.

En termes d’endémicité, en l’état actuel des connaissances, 3 taxons sont endémique des îles Éparses (1 est présent sur Europa, Juan de Nova et la Grande Glorieuse, 2 sur Juan de Nova et aux Glorieuses) mais il n’y aurait pas d’espèce strictement endémique des Glorieuses (sous réserve de taxons restant à déterminer).

 

Sur le plan patrimonial, la flore indigène des Glorieuses est marquée par la présence de 13 endémiques régionales :

- 3 endémiques des îles Éparses : Paramollugo nesophila (présent sur Europa, Juan de Nova et la Grande Glorieuse), Perrierophytum glomeratum (présent sur Juan de Nova et la Grande Glorieuse) et Boerhavia sp.1 (présente sur Juan de Nova et aux Glorieuses ; en cours de description)

- 3 (ex-)endémiques des Seychelles coralliennes du groupe Aldabra : Bulbostylis basalis, Euphorbia stoddartii, Portulaca mauritiensis var. aldabrensis

- 2 (ex-)endémiques des Seychelles : Eragrostis subaequiglumis et Nesogenes prostrata

- 1 (ex-)endémique de Madagascar : Ficus grevei

- 5 endémiques de l'ouest de l'océan Indien : Adiantum hirsutum, Celosia spicata, Disperis tripetaloides, Panicum voeltzkowii (sensu largo) et Secamone pachystigma

L'identification taxonomique complète de populations originales aux Glorieuses (cas des indigènes ou cryptogènes Asystasia sp.1, Ficus sp.2, Fimbristylis cymosa agg., Nellica maderaspatensis sensu largo, Panicum voeltzkowii sensu largo et Sida pusilla sensu largo) pourrait aussi révéler de nouveaux taxons patrimoniaux.

 

GLO graph6

 Au niveau des statuts de menace, parmi les 79 taxons indigènes ou cryptogènes, 1 est considéré comme 'Disparu du territoire' (Canavalia rosea) et 17 sont considérés comme menacés d’extinction aux Glorieuses :

- 9 sont en ‘Danger critique’ (CR) : Calophyllum inophyllum, Celosia spicata, Commicarpus plumbagineus, Hernandia nymphaeifolia, Hibiscus physaloides, Premna serratifolia, Sophora tomentosa subsp. tomentosa, Talipariti tiliaceum et Thespesia populneoides

- 3 sont en ‘Danger’ (EN) : Nesogenes prostrata, Ochrosia oppositifolia et Paspalum vaginatum

- 5 sont ‘Vulnérable’ (VU) : Adiantum hirsutum, Adiantum philippense, Bulbostylis basalis, Pemphis acidula et Perrierophytum glomeratum


Tous ces taxons présentent des effectifs en individus matures très réduits (< 50 pour les CR, < 250 pour les EN ou < 1000 pour les VU) et un nombre de stations généralement limité.

Trois taxons sont jugés ‘Quasi menacé’ (NT) car leurs effectifs sont estimés proches de 1000 individus matures (Disperis tripetaloides, Sclerodactylon macrostachyum et Wollastonia biflora).

Les autres taxons ont été catégorisés en ‘Préoccupation mineure’ (LC ; n = 41) ou en ‘Données insuffisantes’ (DD ; n = 13) ou en ‘Non applicable’ (NA ; n = 4 ; cas des espèces casuelles et/ou présentes uniquement sous la forme d’individus non matures).

 

La flore exotique des Glorieuses présente une biodiversité assez élevée (62 taxons). De plus, la grande majorité de ces espèces (environ 93%) sont devenues spontanées : 50 sont localement naturalisées et 8 sont largement naturalisées.

Ces espèces introduites volontairement ou non par l’Homme ont été largement favorisées par les perturbations causées sur les milieux naturels, en particulier sur la Grande Glorieuse au cours des périodes d’exploitation de la cocoteraie s’étalant de 1885 à 1958. Ainsi, on retrouve des plantes exotiques aussi bien au sein de zones perturbées (zones d’habitation, sentiers, abords de la piste d’aviation) que dans les milieux naturels et semi-naturels. Tout comme les autres îles Éparses, force est de constater que ces nouveaux apports de taxons par l’Homme sont toujours d’actualité compte tenu des nombreux échanges de biens et de personnes.

GLO graph4

Sur le plan des invasions végétales, la majorité des taxons exotiques (48 soit 78% des exotiques) ne semble pas faire preuve de capacités d’invasion des milieux naturels ou semi-naturels.

Cependant, pratiquement un quart des taxons exotiques présente des capacités d’invasion jugées faible (7 taxons), moyenne (5 taxons) ou forte (2 taxons : Casuarina equisetifolia [filao] et Passiflora pallida [liane poc-poc]). Ce constat est particulièrement vrai pour la Grande Glorieuse tandis que les autres iles, nettement moins impactées par l’Homme, semblent relativement préservées de cette menace.

 
GLO graph5

L’analyse des statuts de culture de la flore vasculaire des Glorieuses révèle que 19 taxons sont présents à l’état cultivé : 13 à petite échelle (pour des raisons ornementales et/ou alimentaires) et 6 à grande échelle (à vocation de production agricole ou sylvicole ou pour la protection des sols).

Bien que ces tentatives de culture ne soient plus d’actualité, elles ont profondément modifié les paysages et la naturalité de la Grande Glorieuse.

 

 En termes de similarités floristiques entre la flore des Glorieuses et celle des autres îles Éparses, on peut constater que :

- 47 taxons (23 indigènes, 2 cryptogènes et 22 exotiques) sont également présents sur Europa, soit environ 33% de la diversité floristique globale

- 78 taxons (42 indigènes, 5 cryptogènes et 31 exotiques) sont également présents sur Juan de Nova, soit 55% de la diversité floristique globale

- 16 taxons (7 indigènes, 1 cryptogène et 8 exotiques) sont également présents sur Tromelin, soit environ 11% de la diversité floristique globale.

 

Pour information, un certain nombre de taxons recensés anciennement et non revus récemment n’ont pas été retenus au cours de cette analyse car présentant un doute sur leur détermination et/ou leur présence sur le territoire. C’est le cas de : Adenia sp., Apodytes dimidiata, Boerhavia repens, Eragrostis amabilis, Plumbago aphylla, Sida rhombifolia, Thespesia populnea, Tricholaena monachne. Pour ces derniers, nous ne pouvons donc conclure sur leur statut (erreur de détermination ou taxon correctement décrit mais aujourd’hui disparu ?).

D’autre part, des taxons ont été recensés uniquement à l’état de germination au sein des laisses de mer. Ils n’ont pas été pris en compte car considérés comme non installés sur le territoire. Il s’agit de : Entada rheedei, Heritiera littoralis, Mucuna spp. Pongamia pinnata, Rhizophora mucronata et Xylocarpus granatum.