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L'HERBIER DES ÎLES éparses

L'herbier est la principale composante des collections de la flore vasculaire des îles Éparses du CBM. Sa réalisation nécessite diverses étapes, quelques outils, certaines règles, un peu de bricolage et une bonne dose de savoir-faire. Il résulte de l'intervention de nombreuses personnes qui permettent à cet outil d'évoluer et de s'améliorer.

Dans le cas des missions sur les îles Éparses, les premières étapes sont réalisées in situ (collecte, étiquetage provisoire et séchage), tandis que le montage, l'étiquetage final et le stockage sont effectués au CBM.

1/ La collecte des échantillons végétaux et la prise d'informations in situ

herborisation GRANDE GLORIEUSE 20120521 JEBE12Les botanistes du CBM procèdent à la collecte du matériel végétal au gré des missions de terrain. Le matériel végétal peut être récolté pour diverses raisons : taxon dont la détermination est incertaine, voire inconnue, sur le terrain et qui nécessitera d'être déterminé à l'aide d'ouvrages de référence ; taxon absent de l'herbier du CBM ; taxon déjà présent dans l'herbier mais recensé sur une nouvelle localité ou présentant des caractères intéressants (fleur(s), fruit(s)...).

 

 

Lors de cette phase de collecte, il est fondamental de respecter quelques règles :

  • ne pas collecter un taxon lorsque sa population est réduite à quelques individus
  • collecter un échantillon informatif (présence de fleurs et / ou de fruits, bon état général…) et représentatif de l’espèce
  • prendre plusieurs réplicas par collecte
  • éviter si possible de collecter des échantillons mouillés, leur séchage étant particulièrement fastidieux

Carnet collecte-terrainLa prise d'informations relative à la collecte est tout aussi importante. Elle se fait habituellement au même moment que le prélèvement et concerne un certain nombre d'indications que l'on retrouvera sur l'étiquette finale accompagnant la part d'herbier (nom du taxon, collecteur, date, territoire, localité, coordonnées GPS et altitude, habitat, type de substrat...). Des notes relatives à la morphologie et à l'écologie du taxon in situ (couleur des organes, taille, odeur...) peuvent également être renseignées si elles apportent une aide à la détermination.

 

De plus, chaque échantillon prélevé doit pouvoir être précisément associé à son étiquette une fois de retour au laboratoire. Pour cela, un numéro unique (correspondant généralement au numéro de relevé) est associé à chaque évènement de collecte et il est reporté sur un bout de papier qui accompagnera l'échantillon végétal jusqu'à son montage final. Il garantit ainsi sa traçabilité.

Cette première étape nécessite de disposer à minima du matériel suivant : sachets de collecte ou presse d'herbier portative, étiquettes d'herbier ou carnet de notes, GPS et altimètre, sécateur...

Nota : toute collecte de matériel végétal sur les îles Éparses est strictement réglementée et nécessite de disposer d'autorisations préalablement délivrées par les Taaf.

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2/ Le séchage des échantillons

Tas parts sanglées-20140721-JH02Puis vient la phase de séchage, qui va conditionner la qualité des planches d'herbier, leur esthétique et leur durée de vie. Cette étape doit intervenir le plus rapidement possible après la collecte. Par exemple, dans le cas des missions dans les îles Éparses, les parts collectées la matinée sont généralement mises à sécher dans l'après-midi.

Dans un premier temps, chaque échantillon, accompagné de son étiquette de récolte, est délicatement étalé sur une feuille de papier absorbant (format A3 une fois pliée) elle-même entourée de 2 feuilles de papier journaux. Il faut d'ores et déjà avoir une bonne idée de l'allure du montage final de façon à disposer chaque échantillon de la manière la plus adaptée : plier l'échantillon si trop grand, retourner quelques feuilles de manière à ce que les faces supérieures et inférieures soient visibles, éviter que des organes se chevauchent...

Tas parts sanglées-20140721-JH01

Les échantillons ainsi conditionnés sont alors empilés les uns sur les autres. Il est conseillé d'y intercaler régulièrement un carton épais ou des boîtes à œufs afin de favoriser la circulation d'air entre les parts.

Le pressage est ensuite assuré grâce à la mise en place de 2 sangles réglables autour de chaque pile d'échantillons qui vont permettre d'écraser à souhait les parts collectées.

Enfin, chaque pile sanglée est placée dans un tunnel de séchage en PVC spécialement conçu pour être démonté et transporté au gré des missions dans les îles Éparses. Les parts sont disposées à une extrémité du tunnel tandis qu'un ventilateur, placé à l'autre extrémité et allumé de manière continue, permettra d'assurer un séchage par flux d'air. Il ne restera plus qu'à contrôler tous les 3 à 4 jours l'état de séchage de chaque part afin de changer si besoin les papiers trop humides.

tunnel herbier-GRANDE GLORIEUSE-20140123-JH10 Plan tunnel séchage PVC2

 Un tel système favorise une ventilation efficace et continue des échantillons ce qui permet de réduire significativement les risques de moisissures et de limiter les opérations de remplacement des papiers de séchage. Pour un échantillon classique - pas trop gorgé en eau, ni trop épais - il faut compter 7 à 10 jours de séchage.

Scan Soptom1 Scan Soptom2

 

3/ Le montage des parts séchées et de leur étiquette

Une fois les échantillons séchés, on peut procéder à la phase de montage. Ce travail, particulièrement minutieux, se fait généralement au laboratoire. Il peut avoir lieu plusieurs mois voire années après les évènements de collecte et de séchage.
Monter une planche fait intervenir du matériel spécifique, nécessite de respecter quelques règles et requiert certaines qualités telles que méticulosité, rigueur et patience.

Dans un premier temps, il faut disposer chaque part végétale sur du papier de montage spécialement conçu pour les herbiers (poids de 250 g/m², format de 21,2 x 41,9 cm, teinte claire, pH neutre). L'opérateur dispose délicatement l'échantillon séché sur le papier de montage de façon à ce qu'il s'inscrive bien dans les dimensions maximales du papier (penser à laisser de la place pour l'étiquette d'herbier, pour une éventuelle enveloppe de semences et pour les divers éléments apposés lors des phases de numérisation) et qu'il soit le plus étalé possible (éviter au mieux que des organes se superposent...). L'échantillon sera alors fixé sur la planche grâce à des bandes collantes spécialement conçues pour ce type de travail. Dans le cas d'un grand échantillon, il convient de le découper en plusieurs morceaux qui seront montés sur autant de papiers que nécessaire.

montage herbierIE-20140507-JH17 montage herbierIE-20140507-JH24 montage herbierIE-20140507-JH27 montage herbierIE-20140507-JH20
montage herbierIE-20140507-JH9 montage herbierIE-20140507-JH12 montage herbierIE-20140507-JH13 montage herbierIE-20140507-JH15

 

Dans un sEtiquette herbierIEecond temps, il faut disposer l'étiquette finale accompagnant le végétal monté de manière à connaitre l'ensemble des informations relatives au taxon et à sa collecte. L'étiquette, préalablement éditée et imprimée, est collée systématiquement en bas à droite du papier de montage.

Enfin, chaque planche montée est protégée dans une chemise constituée d'un papier de 80 g/m² de format 41,9 x 58,4 cm rangement parts montées-20140721-JH01 plié en deux dans le sens de sa largeur. Une seconde chemise, faite en papier plus épais (170 g/m²) et de même format, peut être employée de manière à protéger un lot de planches montées.

 

Pour télécharger les instructions détaillées pour le montage et l'étiquetage des planches de l'herbier des îles Éparses, cliquer ici :

Planche Herbier Soptom2 Planche Herbier Soptom1

 

salle herbier-20140715-JH34/ Le stockage des planches montées

Afin de conserver durablement les planches d'herbier, il convient de les stocker dans un endroit frais, sec, ventilé et exempt d'insectes. Ainsi, un local a été aménagé au sein du laboratoire du CBM afin d'abriter les herbiers de La Réunion et des îles Éparses. Il présente des conditions de luminosité et de température contrôlées ainsi qu'un accès par sas. Il fait régulièrement l'objet de traitements par fumigations. De plus, un congélateur à froid sec permet de traiter les planches d'herbier, de manière préventive ou curative, contre toute attaque provoquée par les champignons ou les insectes.

salle herbier-20140715-JH5Les planches y sont classées par famille et elles sont rangées dans des cartons spécialement conçus pour qu'elles soient maintenues à plat et protégées des agressions extérieures (poussière, lumière, humidité...). Ces cartons sont eux-mêmes disposés sur des étagères métalliques réglables en hauteur et présentant un rayonnage suffisamment profond.

 

 

5/ Saisie des données et numérisation des parts

L'ensemble des données relatives à l'herbier des îles Éparses sont saisies au sein d'une base de données (de type tableur Excel). Celle-ci est régulièrement mise à jour en fonction des nouvelles déterminations, de l'ajout de parts...

Ce registre (tableur Excel ; version décembre 2023) est disponible en téléchargement en cliquant ici :

 

Début 2023, le projet 'Mise en place d’un protocole de numérisation et partage en ligne des parts de l’herbier des îles Éparses’ a été acepté au titre de l'appel à projet 'Contribution à la connaissance naturaliste’ de l'INPN. La phase de numérisation des parts d'herbiers a ainsi pu être initiée grâce à l'acquisition du matériel et à la formation d'agents du CBNM. Un protocole de numérisation est en cours de rédaction et il sera ultérieurement appliqué aux parts des îles  Éparses, puis des autres herbiers du CBNM (La Réunion, Mayotte). La diffusion des images à très haute résolution et des informations associées se fera à travers un réseau de partenaires disposant de plateformes de consultation en ligne (réseau e-ReColNat, UMR PVBMT, Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, IRD, Missouri Botanical Garden).