PRÉSENTATION DU CHOCA ET DU SISAL
Choca - Furcraea foetida
- Description botanique
En forme de rosette dense ; feuille ± souple, de couleur vert vif, atteignant 2,5 m x 20 cm, portant généralement sur le bord de grandes épines tournées vers le sommet, terminée par une épine fine et rigide longue de 3 cm et de couleur rougeâtre ; mât dressé, portant sur les rameaux de façon diffuse des fleurs pendantes produisant des bulbilles.
Asparagaceae (ex. Agavaceae) native d'Amérique centrale, la distribution naturelle du Choca, parfois appelé Chanvre de Maurice, s'étend du sud du Mexique jusqu'à la côte nord-est de l'Amérique du Sud et des Antilles. Ayant été introduit dans de très nombreux pays pour la culture de sa fibre, il est maintenant naturalisé et considéré comme envahissant dans un très grand nombre d'entre eux, notamment à Maurice et à La Réunion.
- Dynamique de propagation sur Europa
Sur Europa, le Choca a été planté sur une surface moindre par rapport au Sisal, ce dernier fournissant des fibres de meilleure qualité. Aujourd'hui encore, sa surface d'emprise reste inférieure à celle du Sisal (respectivement 18,6 contre 95,6 ha) mais, contrairement à celui-ci, il présente des populations denses et particulièrement dynamiques (nombreux individus reproducteurs sur la majorité des populations, bonne reprise des bulbilles) lui permettant de se propager dans l'espace, parfois sur des distances importantes (de l'ordre de 700 m). Aucun facteur environnemental ne semble réduire ses capacités de régénération et de prolifération (malgré la présence de cochenilles à la base des feuilles de certains individus et de quelques jeunes plants aux feuilles broutées par les chèvres sans aucun impact particulier). Il constitue clairement la menace la plus active en termes d'invasion végétale sur Europa. Il forme des populations denses et particulièrement dynamiques.
- Croissance et développement
Le Choca est une plante monocarpique et sa durée de vie varie entre 5 et 20 ans selon les conditions environnementales. Durant cette période, elle peut produire environ 200 feuilles, qui, contrairement au Sisal, continuent de s'allonger environ 5 mois après leur émergence de la rosette centrale. A l'instar du Sisal, à la fin de son cycle biologique, le Choca forme un mât pouvant atteindre plusieurs mètres de haut sur lequel se développent des fleurs. La pollinisation est probablement due à des insectes mais également par le vent. De manière générale, bien que son pollen soit viable, la fructification avorte très fréquemment et aucune graine n'est produite. Sa multiplication est donc clonale et sa propagation est uniquement assurée par des bulbilles qui vont se développer sur le mât, avant de tomber et de s'enraciner au sol. La gravité semble être le principal vecteur de dispersion naturel des bulbilles de Choca bien que dans la bibliographie on rapporte une propagation possible via des animaux, comme les chauves-souris frugivores. Sur Europa, il semblerait que les vents cycloniques puissent parfois être un élément de dispersion des bulbilles sur moyenne distance (présence d'une population spontanée à plus de 700 m d'une autre). On peut également noter que, contrairement au Sisal, le Choca ne produit pas de drageons.
- Écologie
Pour un développement optimal, le Choca a besoin de fortes températures et d'un environnement semi-humide. Il peut pousser en plein soleil ou dans un environnement semi ombragé. Furcreae foetida peut supporter sans contraintes de courtes périodes de stress hydrique et également des stress salins modérés. A l'instar du Sisal, il se plait très bien sur tout type de sol bien drainés, mais peut également s'établir sur de la roche, falaise et parfois dans les fourches de certains arbres.
- Maladies
Le Choca est la plante hôte du charançon mexicain (Scyphophorus acupunctatus Gyllenhaal, 1838), un coléoptère ravageur du Sisal également, qui a été répertorié au Kénya et en Tanzanie.
Sur Europa, certains individus présentent des cochenilles sur leurs feuilles mais ils ne semblent pas être particulièrement impactés, contrairement au Sisal.
- Usages et intérêts économiques
Bien que ses fibres soient de qualité clairement inférieure à celles du Sisal, le Choca a été cultivé à des fins commerciales dans de nombreuses régions du globe, notamment en Inde, au Venezuela, au Brésil, à Madagascar, en Afrique du Sud ou encore à Maurice. Mais depuis les années 1950, sa production mondiale a sévèrement déclinée, et l'utilisation industrielle de ses fibres est aujourd'hui anecdotique. Le Choca est utilisé comme plante ornementale dans de nombreux jardins, mais aussi comme barrière naturelle contre le feu, contre les animaux ou encore contre l'érosion en Inde et au Sri Lanka. Furcraea foetida est également une plante médicinale reconnue. Ces feuilles, sa sève ainsi que ses racines sont fréquemment consommées sous la forme de décoctions, notamment dans le traitement des rhumatismes, des œdèmes et dans la lutte contre la parasitologie animale.
- Pour en savoir plus sur le Choca
https://www.prota4u.org/protav8.asp?h=M1,M10,M11,M12,M14,M15,M16,M18,M19,M20,M21,M22,M23,M25,M26,M27,M36,M4,M6,M7,M8,M9&t=Furcraea,foetida,FURCRAEA&p=Furcraea+foetida#Protologue
http://www.issg.org/database/species/ecology.asp?si=1257&fr=1&sts=sss&lang=EN
http://www.hear.org/pier/species/furcraea_foetida.htm
http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/npgs/html/taxon.pl?70919
Sisal - Agave sisalana
- Description botanique
En forme de rosette dense ; feuille rigide, à base épaisse, de couleur vert glauque, atteignant 1,8 m x 12 cm, portant sur le bord des épines réduites, terminée par une épine épaisse et rigide longue de 2-2,5 cm et de couleur noire ou rougeâtre sombre ; mât dressé, ± en zig-zag, portant au bout des rameaux des groupes denses de fleurs dressées produisant des bulbilles. Possibilité de rejets.
Le Sisal est probablement originaire du Sud du Mexique (péninsule du Yucatan). Aucune forme sauvage n'est connue à ce jour. Historiquement très cultivé pour l'exploitation de ses fibres, il a fait la fortune de nombreux propriétaires d'haciendas au Mexique, notamment sous le régime de Porfirio DIAZ (1876-1911). Introduit sous les tropiques et sub-tropiques du monde entier au cours du XIXème et du XXème siècle via le port de la ville de Sisal (d'où l'espèce tire son nom), sa culture est largement répandue aujourd'hui au sein des zones tropicales. Le Sisal est considéré comme naturalisé et invasif dans divers pays, notamment en Australie, à Madagascar, en Afrique du Sud, aux USA et sur de nombreuses îles du Pacifique.
- Dynamique de propagation sur Europa
Sur Europa, le Sisal a été planté au début du XXème siècle sur des surfaces relativement importantes (emprise proche de 100 ha), localisées essentiellement au Nord même si quelques tentatives de plantation, à priori à petite échelle, ont eu lieu au Sud de l'île. D'après les écrits et les photographies des agents de Météo-France ayant séjourné sur l'île entre les années 1950 et 1990, le Sisal était en excellente santé jusque là et il présentait des populations denses d'où jaillissaient de nombreux mâts. Par contre, les observations menées par le CBM depuis 2006 font état de populations mourantes et incapables de se régénérer pour la plupart. En effet, la plupart des individus sont aujourd'hui fortement parasités par des cochenilles (indéterminées) qui provoque une nette diminution de leur vitalité et un blocage de leur régénération par dévitalisation des bulbilles et par épuisement des drageons. Le Sisal semble donc être dans une phase de forte régression et ne constitue pas la cible prioritaire en matière de gestion.
- Croissance et développement
Les plants de Sisal ont un stipe court, portant le méristème principal en position aérienne. Les jeunes feuilles sont tout d'abord non chlorophylliennes et enroulées dans la rosette centrale. Au cours de leur maturation, elles sont poussées vers l'extérieur grâce à la croissance et le déploiement des autres feuilles. Pendant la phase végétative, chaque feuille nouvellement mise en place est plus longue que la précédente d'environ ½ centimètre. La plante peut produire entre 200 et 250 feuilles au cours de son cycle de vie, qui peut s'étaler entre 6 et 9 ans (avec certaines valeurs extrêmes comprises entre 3 et 20 ans) selon les conditions environnementales. Le Sisal est une espèce monocarpique. A la fin de son cycle biologique, le Sisal forme un mât pouvant atteindre plusieurs mètres de haut sur lequel se développent des fleurs. La pollinisation se déroule via des insectes mais également par le vent. De manière générale, bien que le pollen du Sisal soit viable, la fructification avorte très fréquemment et aucune graine n'est produite. Sa propagation est alors assurée par des processus de multiplication végétative qui consistent en la production de bulbilles se développant sur le mât, avant de tomber et de s'enraciner au sol. Un plan peut ainsi produire jusqu'à 4 000 bulbilles dont le vecteur de dissémination principal est la gravité. Sur Europa, il semblerait que les vents cycloniques jouent parfois un rôle dans la dispersion des bulbilles. Le Sisal est également capable d'assurer sa reproduction via la production de drageons (une vingtaine au cours de son cycle de vie) donnant chacun naissance à un nouvel individu (un clone en fait). Ce système confère ainsi au Sisal un potentiel reproducteur efficace car produisant de très nombreux individus qui ont cependant le désavantage d'être des clones et donc de présenter les mêmes sensibilités environnementales. Enfin, on peut cependant noter que, suite à la floraison, des individus arrivent parfois à produire des capsules contenant des graines viables, assurant alors leur reproduction sexuée (ce qui permet un brasage génétique) et des capacités de dissémination plus importantes en termes de distance.
- Écologie
Le Sisal est une plante tropicale robuste, qui apprécie en particulier les conditions de pleine lumière et une humidité ambiante faible à moyenne. Il est capable de pousser sur une large gamme de sol, de préférence bien drainés et non gorgés en eau, et il est relativement bien adapté au stress salin. Sous des conditions sèches, sa croissance est ralentie, ses feuilles poussent moins vite et la durée de son cycle de vie augmente.
- Maladies
La maladie la plus sérieuse du Sisal est un champignon, Asperigillus niger, qui peut provoquer le pourrissement du tronc ainsi que le desséchement des racines. L'oomycète Phytophthora nicotianae peut également causer de graves dommages au Sisal, notamment la maladie du Zèbre qui provoque des lésions striées sur les feuilles. Le Sisal peut être également impacté par le charançon Mexicain (Scyphophorus acupunctatus Gyllenhaal, 1838).
Sur Europa, ses populations sont décimées par des cochenilles (à déterminer) qui colonisent massivement la base des feuilles des plants ainsi que les bulbilles qu'elles assèchent avant qu'elles aient terminé leur développement.
- Usages et intérêts économiques
Le principal intérêt industriel du Sisal est la fibre de ses feuilles, qui constitue la deuxième source de « fibres dures » végétales au niveau international. Ces fibres sont utilisées pour la fabrication de ficelles, cordes, filets de pêche, jeux de fléchette et autres hamacs. Elles rentrent également dans la composition de nombreux papiers fins, tels que le papier à cigarette, sachets de thé et papier carbone. Les déchets de fabrication sont souvent utilisés pour produire des boissons alcoolisées ainsi que du biofuel. Jusqu'en 1960, la Tanzanie était le premier producteur mondial en termes de tonnage de fibres, mais le Brésil est depuis largement passé en tête, suivi par la Chine, la Tanzanie, le Kenya et Madagascar. Le Sisal représente 2% de la production mondiale de fibres végétales et figure à la 6ème place parmi les plantes à fibres (avec un pic de production mondiale évalué à 600 000 tonnes dans les années 1960) bien que sa production mondiale n'a cessé de décliner depuis l'invention des fibres d'origine synthétiques.
- Pour en savoir plus sur le Sisal
https://www.prota4u.org/protav8.asp?h=M10&t=Furcraea,foetida&p=Agave+sisalana#AdulterationsAndSubstitutes
http://www.issg.org/database/species/ecology.asp?si=1613&fr=1&sts=sss&lang=EN
http://www.hear.org/pier/species/agave_sisalana.htm
http://www.ars-grin.gov/cgi-bin/npgs/html/taxon.pl?1735