PERSPECTIVES
Appréhender le devenir des zones mises à nues
L'éradication de l'ensemble des populations de Choca et de Sisal va générer d'importantes surfaces totalement dénudées de végétation. Il convient d'ores et déjà de suivre finement la recolonisation végétale de ces zones mises à nues et de disposer d'outils pour d'éventuelles actions de restauration écologique.
- Placettes permanentes de suivi de la dynamique du Choca et du Sisal
Entre 2011 et 2016, le CBNM a installé 12 placettes permanentes de 100 m2 au sein de stations de Choca (n=7) et de Sisal (n=5) présentant des conditions de vitalité et de gestion différentes, afin de suivre l'évolution de la végétation avec/sans action de lutte pour le Choca et selon des conditions de vitalité variables (faiblement à fortement parasités par la cochenille) pour le Sisal. Ces relevés, qui prennent en compte toutes les espèces végétales, seront répétés tous les 5 ans et permettront à moyen terme :
-
-
- de connaitre la nature (indigène ou exotique) et la dynamique des espèces végétales recolonisant les zones mises à nues
- d'évaluer l'impact à moyen terme de la cochenille sur le Sisal
- d'améliorer la connaissance de la biologie de ces agaves sur Europa
-
Ces résultats permettront alors d'orienter les futures actions de gestion conservatoire : mise en place ou non d'actions de restauration écologique (semis ou plantations d'espèces indigènes par exemple), la redéfinition d'une stratégie de lutte pour le Sisal....
Idéalement, ce réseau de placettes permanentes pourrait encore être étendu au fur et à mesure de l'éradication des populations d'agaves.
- Itinéraires techniques de production d'espèces indigènes
Afin d'anticiper des actions de restauration des milieux par le biais de plantations d'espèces indigènes, le CBNM a mis en œuvre dès 2011 divers travaux visant à améliorer les connaissances sur la germination et l'élevage des espèces indigènes des îles Éparses. Ainsi, des semences sont systématiquement récoltées durant les missions de terrain, puis placées en germination selon diverses conditions expérimentales au sein de la serre du CBNM. Quelques individus sont ensuite conservés et élevés quelques années en pépinière. Ces tests, systématiquement basés sur des méthodes simples et applicables sur les îles Éparses (dans le cas où des pépinières y seraient développées) permettent de déterminer les paramètres essentiels pour la mise en production des espèces indigènes : conditions de récolte optimales, protocole(s) de germination le(s) plus satisfaisant(s) (basés sur le taux de germination, le temps de latence et l'étalement de levée), conditions de repiquage et d'élevage les plus favorables.
Pour un taxon donné, chaque protocole retenu fait alors l'objet de la rédaction d'une fiche d'Itinéraire Technique de Production (fiche ITP).
(consulter l'article "Fiches d'Iinéraire Technique de Production d'espèces végétales indigènes des îles Éparses" pour en savoir plus)
Améliorer les connaissances sur les parasites du Choca et du Sisal
La mention relative à la présence, parfois massive, de cochenilles parasitant certaines plantes à Europa semble nouvelle. Elles ont été essentiellement observées sur le Sisal et sur le Cocotier, et de manière plus anecdotique sur le Choca. Ce phénomène semble prometteur en matière de lutte biologique contre les agaves et mériterait d'être étudié par des spécialistes (échantillonnage et collecte in situ, détermination, appréhension sur son écologie, sa biologie et son impact sur la flore d'Europa).
Mettre en place un système de surveillance
Une fois les derniers individus de Choca et de Sisal arrachés, il faudra s'assurer que ces deux espèces sont bel et bien définitivement éradiquées sur Europa. Malgré une forte pression d'observation, rien ne garantit qu'aucun individu ou bulbille n'ait été malencontreusement oublié ! Un système de surveillance devra alors être mis en place de manière à sensibiliser les usagers d'Europa (militaires, gestionnaires, scientifiques...) sur cette menace particulière et favoriser la remontée d'une éventuelle observation auprès du gestionnaire.
Pour ce faire, une affiche dans le style « Choca & Sisal Wanted » pourrait être créée et placardée dans les zones de vie (camp Robinson, camp météorologique).
Rédaction : Antoine CHAUVRAT & Jean HIVERT (CBNM) avec la collaboration de Sophie MARINESQUE et de David RINGLER (Taaf) - juin 2015 (mise à jour : juillet 2016)